lundi 16 avril 2012

Marathon de Nantes 2012 : Une matinée en enfer


Je ne sais pas vraiment par quoi commencer, enfin si,  c’est bien simple, j’ai tout fait à l’envers, je me suis vu trop beau, trop fort, je n’ai été  respectueux ni des consignes de mon entraineur, ni de la distance. J’ai cru pouvoir dompter la bête mais crois moi, elle s’est vite rappelée à mon bon souvenir.
Et dire qu’ici même il y a encore quelques jours, c’était moi qui te donnais des conseils pour bien réussir ton marathon. Ridicule !!!


Je m’étais foutu dans ma petite tête d’imbécile de réaliser un chrono sous les 3h30min. L’objectif semblait raisonnable et atteignable il y a peu car je tournais en 4min48 (3h22 à l’arrivée) à fréquence marathon. Avant toute chose, il faut savoir que mes entrainements sont réalisés exclusivement à la fréquence cardiaque selon le protocole mis en place par Christian Delerue. J’y reviendrai plus en détails dans un futur billet.  
C’était sans compter que depuis 2 semaines mes rendements pour une même fréquence cardiaque (non, je ne parle pas chinois)  avaient sensiblement baissés, j’avais même pensé à un problème de cardio. En fait, il s’agissait plus vraisemblablement d’une fatigue résultant de la charge de travail à l’entrainement. Mon corps avait déclenché le signal d’alarme et moi comme un imbécile, je n’ai pas écouté, refusant de revoir mes ambitions à la baisse.
Il y a deux semaines, à la fc150 je tournais en 4’48/4’50 et dans les derniers jours c’était plutôt autour de 5’10. Comme tu le verras plus bas, j’ai préféré regarder le chrono plutôt que d’écouter mes sensations.

Retour sur la journée d’hier :

Debout à 4h30 (sans réveil) je me prépare tranquillement. Je n’habite pas très loin du départ, je quitte donc la maison vers 8h. Il fait froid, très froid même, surtout avec ce vent soutenu de nord est. Je me dis que ça ne va vraiment pas être une partie de rigolade ce marathon.
Arrivé sur place, je trottine un petit ¼ d’heure, la fréquence cardiaque n’est pas très élevée, curieusement je suis plutôt détendu.
Je prends place dans le fond du sas 3h15 (prétentieux).
Le départ est donné, je me laisse porter par le flot des coureurs qui forcement vont trop vite pour moi.
J’avais pour consigne de démarrer à 150 puls/min et de conserver l’allure correspondante tout du long, ce qui avec la dérive cardiaque devrait me voir passer le 35ème km autour de 165bpm.
Sur les premiers km  je tape déjà 160 sur le 1er, 164 sur le 2ème et 167 sur le 3ème. J’ai beau savoir que si je continue sur cette voie je vais au casse pipe, tel un imbécile, je continue !!
Petite visite guidée du centre de Nantes jusqu’au 10ème km.
Au 17ème j’en suis déjà à 170bpm de moyenne, mais je continue. Quitte à prendre une leçon, autant le faire jusqu’au bout.
Je passe en un peu moins d’1h45 au semi. Génial, avec un bon negative split, je vais faire un chrono d’enfer. Sauf que je sais très bien que ça n’arrivera pas, les jambes sont déjà lourdes, nous sommes face au vent depuis 10 bornes et il en reste encore au moins 8 avant de le voir devenir enfin favorable. Ajouté à ça le fait que je n’arrive pas à m’alimenter, ça fait beaucoup. J’ai la nausée, je sers les dents et je continue dans mon erreur.

Je te vois venir, tu te dis mais il est bête, pourquoi ne pas ralentir, pourquoi persister ainsi ?
Et bien je n’ai pas d’explication, je voulais absolument faire mieux qu’à La Rochelle et je refusais d’abdiquer. J’avais beau savoir que je n’avais pas le jus nécessaire, que j’étais dans un jour sans, que mon corps était fatigué, je ne voulais pas me rendre à l’évidence. Erreur !!!

31ème km, ma rencontre avec LE MUR :
Je l’avais évité l’année dernière, la je crois qu’on peut dire que je l’ai pris en pleine gueule, et je peux te dire qu’il était très haut et qu’il m’a sonné.
Plus de force, les jambes lourdes et raides comme des poteaux, la suite n’est qu’une longue agonie jusqu’à la ligne d’arrivée, rythmée de 30 sec de marche par km. Je me traine lamentablement autour de 6 minutes au kilomètre.
Habituellement en fin de course j’adore « ramasser les morts », en me disant : « encore un qui est parti trop vite, qui a présumé de ses forces ». Parfois je les ramasse par paquets entiers, et bien là je peux te dire que je me suis fait ramasser un paquet de fois par des mecs frais comme des gardons. La tête à beau vouloir accrocher le wagon, les jambes ne veulent plus, ne peuvent plus. Le réservoir de carburant est vide, tel un voilier sous gréement de fortune, je n’ai plus d’autre but que de rallier l’arrivée, coute que coute.
Pour couronner le tout, une crampe à la cuisse gauche au 36eme qui ne me quittera plus jusqu’à la ligne.
Bilan 3h46min06sec, ce qui fait 25 secondes de plus qu’à La Rochelle en novembre. Tout ce travail pour en arriver la !

Comme vous l’imaginez je suis déçu mais je ne peux m’en prendre qu’à moi même, je m’en veux tellement. Je pense que je n’avais pas les jambes pour faire beaucoup mieux hier mais en suivant les consignes et en gérant ma course différemment j’aurais fini dans un bien meilleur état et surtout j’aurais pris du plaisir. Là ce n’est pas le cas, c’était une souffrance du début à la fin.
Je vais m’offrir un peu de repos et ranger les running au placard pendant une petite dizaine de jours, le temps de récupérer et de digérer de cette contre performance.
Une chose est certaine, j’y reviendrai un jour, grandi de cette expérience malheureuse pour faire tomber le chrono.

14 commentaires :

  1. bravo, 25 secondes de plus avec cette mauvaise gestion de course et les rafales de vent, tu peux te dire que tu vaux mieux. C'est l'expérience qui rentre.

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    1. Avec un peu de recul, je suis content d'être allé au bout de moi même et d'avoir fini. J'y reviendrai au printemps prochain maintenant mais certainement pas à Nantes.

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  2. Tu es dur avec toi même. Tu viens de faire un second marathon. Ce n'est pas rien. Pour le reste, je suis d'accord avec fred même si en terme d'expérience, je ne suis pas le mieux placé. Bonne récup'.

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    1. Je ne sais pas si je suis dur, je suis surtout très déçu d'avoir explosé en vol.
      Bon repos à toi aussi.

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  3. Comme je te comprends... J'ai fait mon premier marathon à Paris en 2011 et j'y ai heurté un mur aussi haut que le tien. Prépa trop fatigante, mauvaise prise en compte des conditions météo (27°C...), mauvaise gestion des ravitos et parti trop vite résultat : 3h58 pour un objectif de 3h45. Cette année à Nantes, j'ai essayé de mieux "gérer" ma course en ne faisant pas les mêmes erreurs. Résultat : 3h40 pour le même objectif en courant le dernier 10 à 12km/h et surtout bcp bcp plus de plaisir. Donc même si je n'ai pas plus d'expérience que toi (2 marathons à 29ans (ça te rappelle quelqu'un ?)), je suis d'accord avec Running Gou. Tu l'as fini, c'est le principal. Maintenant digère le et retente ta chance, ça ne peut que mieux se passer !

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    1. 18 minutes de mieux c'est une jolie progression. Bravo à toi.

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  4. Il faut faire des courses qui nous donnent un goût amer pour apprendre. Le marathon est une bête qu'il faut dompter avec intelligence et douceur. J'aime bien ton billet. Mais ne sois pas trop sévère avec toi même. L'important est de continuer de courir et d'avoir du plaisir à le faire.

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    1. Je crois que ça me servira de leçon. Je ne suis pas prêt d'oublier ce jour, ça me servira surement sur d'autres courses.
      Merci de ton passage.

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  5. Bravo a toi pour avoir tenu bon et continue jusqu'au bout, 3:45 au premier cela démontre d'excellentes dispositions. Il faut bien de temps a autre se prendre le mur, cela nous rend humbles et nous permet de savourer nos victoires.
    Je ne doute pas un instant que tu finiras en 3:15 a force de prepa et de bons enseignements comme celui-ci
    Très sportivement

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    1. Merci de ton passage par ici Giao. Comme tu dis, ça rend humble. Pour les 3h15, rdv au printemps l'année prochaine, même si aujourd'hui la marche me semble haute.

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  6. Je tiens tout d’abord à te féliciter ! Malgré tout ce que tu pourras en dire et redire de ce marathon !
    La performance est là !! Certes, le chrono t’indispose mais comme disait l’autre ; « l’important c’est de participer ! » …
    Peu de gens, enfin 2533 gaillards et gaillardes ont tenté et finit l’aventure [un peu moins pimpants d’ailleurs], et toi, tu fais partie de cette petite minorité de doux masochistes !
    Tout le monde ne peut prétendre à effectuer ce genre de travail [d’Hercule], et c’est ça qui est le plus valeureux ! Et puis s’astreindre à un entraînement aussi ingrat, en faire baver ton entourage et au final ne pas atteindre son objectif, c’est dur mais c’est une épreuve, un passage obligé. Le seul problème, c’est que tu ne peux pas retenter l’aventure dans 2 semaines, comme une autre compétition.
    Et la guerre n’est pas finie, juste une bataille de « perdue ». Enfin tu n’as rien perdu, tu as tout découvert et tout gagné [mon admiration en premier].

    De la part d’un expatrié outre-mérien aux fibres rapides…

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    1. Merci Anonyme !! J'ai manqué d'énergie, j'ai surement pas mangé assez de Ptits Musclés quand j'étais petit ;-)

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  7. Certes, le chrono n'y est pas forcément mais tu as tenu bon. Bravo ! Tu as beaucoup d'enseignements à tirer de ta course. Nul doute que les 3:30 sont largement à ta portée. Bonne récup'.

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  8. Tu t'es mis le compte quand même.
    J'espère que ça te servira de leçon pour une belle revanche ;-)

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