lundi 5 novembre 2012

Un lecteur dans la course : Benoît vs trail nantais

Lancement d'une nouvelle rubrique sur Courir à Nantes, ami(e)s lecteurs, venez nous raconter votre course. Devenez le témoin d'un jour, l'envoyé spécial au coeur de l'action, faites nous vibrer à vos côtés. Le premier à se lancer, Benoît, qui nous raconte SON Trail Urbain Nantais 2012. Je lui cède donc la place... 










Présentation : 

J'ai vraiment commencé la course à pied à 35 ans. En 2011, un collègue de travail runner et tri-athlète m'a motivé pour le semi marathon d'Orvault. Un an et demi plus tard, j'ai couru 5 semis, 2 marathons, 3 trails et quelques courses entre 10 et 15 km. Il se passe rarement un mois sans que je m'inscrive à une course. J'aime la course à pied car c'est un sport accessible et qui permet de repousser ses propres limites. J'aime aussi le partage entre coureurs, que ce soit à l'entrainement ou pendant une course.

Le Trail Urbain Nantais... récit d'une épreuve : 

Philippe m'avait annoncé un temps autour de 1h05 pour parcourir les 13,650 km. Mon temps secret (celui qu'on n'avoue pas, par peur de se planter ou de paraitre prétentieux), c'est 1h. Sur la ligne de départ, je ne me mets pas trop loin des premiers. Je sais que sur une course comme celle-ci, chaque seconde compte. Hélas, je suis déja trop loin. Au coup de départ plusieurs centaines de personnes partent devant moi. Il faut que je remonte le peloton, que je double en passant sur les trottoirs et en zigzaguant. Le parcours commence par une grande descente le long du boulevard de la Liberté. Après 5 minutes, j'oscille entre 15 et 16 km/h et ma fréquence cardiaque s'envole. Aucune importance, je sais que la course est courte... et qu'elle sera dure de toute façon.

Dure certes... mais je ne m'attendais pas à ça. Après la descente, la montée. Le peloton remonte à fond la rue des Pavillons. Je suis toujours au dessus des 15 km/h, on s'en fout, on roule ! C'est la première boucle sur un parcours qui en comprend deux. Tout ce que je fais, il faudra que le fasse une deuxième fois. Je commence à me poser quelques questions ! Après 16 minutes de course, ma fréquence cardiaque frôle les 190 bpm. Je suis proche de la zone rouge.

On attaque la deuxième partie de la première boucle, au pied de la butte Sainte Anne. Première volée de marches, à fond. J'ai mal partout mais je n'ai pas molli dans la montée. Puis on redescend pour attaquer à nouveau la grande montée, les fameuses 121 marches de la butte Sainte Anne. Je monte les marches deux à deux, au pas de course. Il y a une ambiance de folie ici, le public est massé le long des escaliers car c'est l'endroit le plus spectaculaire de la course. Mais arrivé en haut, il n'y a plus personne et c'est la "fracture" : cardiaque au max, grosse envie de vomir, et les coureurs qui filent... c'est comme si la course était folle. Comment font-ils pour continuer à courir après ce qu'on vient de se prendre ?

Je m'accroche aux talons d'une fille qui a l'air d'avoir une sacrée résistance (j'ai découvert plus tard que c'est la deuxième féminine de l'épreuve) et de deux ou trois gars qui font autant de bruit que Monica Seles ! Au moins je me dis que je ne suis pas le seul à souffrir ! On termine la première boucle et je jette un oeil au chrono : 30 minutes et 40 secondes. Je ne vois pas comment je pourrais tenir en moins d'une heure : il faudrait que je sois aussi rapide sur la deuxième boucle. J'entends un enfant compter les coureurs sur le bord de la route... je serais entre 110 et 120ème : cela m'achève car à ce rythme je pensais avoir laissé plus de monde derrière moi. A ce moment là, il n'est plus question que de tenir, malgré la fatigue, malgré le manque de ressources, malgré l'énorme point de côté qui ne me quitte pas depuis plusieurs kilomètres.

La deuxième boucle, c'est la même histoire que la première, mais en plus dur. Au km 10, je suis à  hauteur d'un "ancien", un de ces champions qui ont des milliers de km dans les pattes et qui sont toujours dans les pelotons de tête passés 50 ans. Quand il voit ma tête (probablement très rouge et en grande peine), il me dit de profiter des 500 mètres de plat que nous avons devant nous pour récupérer. De toute façon, je ne peux plus tenir les 15 km/h. Je me cale à 14 mais je ne me sens pas plus frais lorsque j'arrive aux pieds des escaliers. Première volée de marches, arrivé en haut, je pousse un grand cri, je suis toujours debout. Arrivent les 121 marches. Je suis tellement à bout que la situation en est presque comique ! Alors je crie au public de faire plus de bruit ! Trois fois ! Puis je crie que je ne suis pas fatigué ! Ils sont morts de rire, je suis ridicule et subclaquant ! Arrivé en haut, à nouveau la même envie de vomir, plus tenace cette fois. Il reste 1500m en montée avant l'arrivée. Le moment le plus dur. Je regarde mon chrono : 54 minutes. Une lueur d'espoir... et si après tout j'arrivais à tenir en 1h. Non ce n'est pas possible... mais ça ne coûte rien d'essayer ! Alors je fais ce que je sais faire, je cours. Retour sur le boulevard de la Liberté, dernière ligne droite, 300 mètres, toujours en montée, je donne tout ce que j'ai, 14 km/h, puis 15, puis 16. Je gratte quelques places, j'arrive à la hauteur d'un gars que j'engueule pour qu'il avance, j'ai besoin d'un challenger pour les derniers mètres. Il tient bon, nous arrivons au coude à coude. ça y est, le tapis bleu, la puce électronique attachée à mon pied a pris mon chrono, je m'arrête de courir, j'arrête ma montre : 1h et 14 secondes ! I did it !

Je titube pour aller boire un verre. Quelques instants plus tard arrive mon ami Philippe. On se félicite mutuellement et je lui avoue l'avoir maudit pour m'avoir entrainé dans cette galère... 

Mais au fond de moi je suis fier d'avoir vaincu le Trail Urbain de Chantenay.



Merci à Benoît et à bientôt pour de nouvelles aventures. 
Alors, à qui le tour ? 
N'hésitez pas à me contacter si vous avez envie de nous faire partager vos expériences de course. 

4 commentaires :

  1. Bravo Benoît ! Arrivé juste derrière le papa de la 1ere féminine (dossard 57).
    J'ai ressenti ma course un peu de la même façon: FC à 190 pendant 1h (pic à 195 par moment), mêmes sensations en haut des marches, l'espoir (vite effacé) de pouvoir encore faire moins de 1h (l(objectif non avoué)... et finalement 1h 37s à l'arrivée ! Un bon petit trail, urbain, mais costaud !
    Merci pour ton récit. Et merci aux organisateurs du MS Chantenay, un club au top ! Je reprends ma licence l'année prochaine...
    Nicolas

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  2. moi c été la 1 ère fois que je fessait cette course je finis 403 sympa cette course je recommence l année prochaine

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  3. Bravo pour ce magnifique récit qui présente parfaitement la beauté du Trail Urbain Nantais.
    Je l'ai couru une fois et contribue modestement à son organisation. Merci Benoît pour ce retour d'expérience qui nous encourage à poursuivre l'évolution de cette très ancienne course populaire (87ème édition) vers un un Trail de référence dans la région.
    Hervé (coureur du MSC Nantes)

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  4. Belle course!!
    ça donne envie.
    J'ajoute ton blog à ma blogroll!!
    A+

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